V13 d'Emmanue Carrère


Fascinant, poignant! Le sujet abordé ne me permet pas de parler de coup de cœur 😉
Le talent d'Emmanuel Carrière dans toute sa splendeur!
Un devoir de mémoire pour se souvenir de ce fameux vendredi 13 Novembre à travers le témoignage des victimes, d'essayer de comprendre ce passage dans l'horreur.
Emmanuel Carrère a su avec simplicité nous expliquer le fonctionnement de ce procès hors normes, sa complexité. Je n'ose imaginer la charge émotionnelle lors des témoignages des victimes, et pourtant il a su les retranscrire avec humanité et dignité.
La partie consacrée aux accusés, je l'attendais, ayant peu suivi le procès.
Cette partie est dense et vide à la fois. Dense parce que nous découvrons le parcours des protagonistes principaux. Et pendant ce récit, j'ai en tête le roman de Yasmina Khadra, Khalil, tellement de point de convergence, l'un m'a permis de mieux comprendre l'autre. 
Vide, puisqu'à la fin, je me suis dit tout ça pour ça, si peu d'explication pour comprendre leur geste, une certaine frustration pour ma part. Parfois j'ai ressenti de la colère face aux comportements de certains accusés.
Ces chroniques sont incontournables,  Emmanuel Carrère nous livre une profonde réflexion sur des sujets liés à ces attentats, le sort des enfants des djadistes partis en Syrie, ses familles impuissantes face à la radicalisation de leur enfant, ce magnifique lien entre 2 pères que tout aurait du opposer, le processus d'indemnisation des victimes, entre autre.
Voilà fascinant, et forcément émouvant, je pense aux victimes qui ont pu s'exprimer... et enfin la justice a été rendue.

Et vous l'avez-vous lu? Qu'en pensez-vous?

Un p'tit résumé
Le procès fleuve des attentats du 13 Novembre 2015, qui ont fait 130 morts et 350 blessés à Saint-Denis et à Paris, s'est tenu entre septembre 2021 et juin 2022. Pendant dix mois, plus de 300 témoins ont été entendus, dont des rescapés de cette nuit d'horreur. Les 20 accusés ont été jugés. Parmi eux, Salah Abdeslam, le seul survivant des commandos de l'organisation du groupe État islamique, commanditaire de ces attaques. Emmanuel Carrère a assisté à l'intégralité du procès et tenu une exceptionnelle chronique hebdomadaire, publiée dans 4 grands journaux européens, L'Obs en France, El País en Espagne, La Repubblica en Italie, Le Temps en Suisse.
V13 (« comme tous, magistrats, avocats, journalistes, appelons ce monstrueux procès du vendredi 13 novembre dans lequel nous sommes embarqués », écrit E. Carrère) rassemble l'ensemble de ces chroniques. C'est une descente aux enfers dans laquelle l'écrivain parvient toujours à saisir l'humanité des uns et des autres, qu'elle soit bouleversante, admirable, ou abjecte. Il saisit l'ironie terrible des propos, des situations. Il refait le récit des événements, et surtout livre son écoute magnifique des paroles et des silences de ce procès. Il en fait notre histoire. Il donne à cet écheveau complexe d'horreur, d'idéologie, de folie et de détresse, une dimension universelle, profondément humaine, qui atteint chacun d'entre nous : « Marylin porte toujours sur elle, dans un petit tube en plastique, l'écrou de 18 mm qu'on a extrait de sa joue. Elle le sort de son sac, ce tube, devant la Cour. Elle dit : Je veux bien vous le montrer, mais je le garde. Elle le remet dans son sac et elle repart avec, et 250 autres témoignages vont déferler après et écraser le sien, mais quand même, Marylin qui s'éloigne, seule, gracieuse et triste, tellement triste, avec son écrou dans son tube, je ne l'oublierai pas. »

Un p'tit mot sur l'auteur
Emmanuel Carrère est un écrivain, journaliste, scénariste et réalisateur français.

Ancien élève de Janson-de-Sailly et diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, descendant d'une lignée de princes russes où l'on a même compté un éphémère roi d'Albanie, il est le fils de Louis Édouard Carrère et de la soviétologue et académicienne Hélène Carrère d'Encausse, et le frère de Nathalie Carrère et de Marina Carrère d'Encausse.

Emmanuel Carrère est l'auteur de plusieurs scénarios, d'une biographie de Philip K. Dick et de nombreux romans dont "La moustache", "La classe de neige", et "L'Adversaire", les deux derniers ayant été adaptés pour le cinéma respectivement par Claude Miller et Nicole Garcia et sélectionnés en compétition officielle au Festival de Cannes.
"Retour à Koltelnitch" (2004) est son premier film en tant que réalisateur. Son dernier film, "La moustache", avec Vincent Lindon et Emmanuelle Devos, est sorti en 2005.

L'Adversaire, écrit autour de l'affaire Jean-Claude Romand, qui a défrayé la chronique au début des années 90, marque un changement dans sa production littéraire. Il n'a pas depuis écrit de pure fiction. "Un roman russe" publié en 2007 ménage une place prépondérante aux habitants de Kotelnitch, Anya, Sacha et tous les autres ... sans oublier Toma Andras, le malheureux hongrois, dont la vie s'est perdue durant presque 50 ans après la guerre dans l'hôpital psychiatrique de Kotelnitch.  Dans "d'autres vies que la mienne" (2009) il évoque l'existence marquée par le drame de personnes qu'il a rencontrées au cours de sa vie.

En 2011, "Limonov", une biographie romancée de l'écrivain, dissident et homme politique russe, a reçu le prix Renaudot. En 2014, "Le Royaume" qui raconte l’histoire des débuts de la chrétienté, vers la fin du Ier siècle après Jésus Christ, obtient le prix littéraire du Monde. 

En 2018, Emmanuel Carrère obtient le prix de la Bibliothèque Nationale de France (BNF).
(Source Babelio) 

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